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Double exposition au Mac's: Latoya Ruby Frazier & Lewis Baltz

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Deux expositions Sites of Technology de Lewis Baltz et Et des terrils un arbre s'élèvera de Latoya Ruby Frazier mettent à l'honneur deux photographes humanistes, activistes, sans cesse à la recherche de la vérité chez la catégorie socio-professionnelle la plus exploitée : la classe populaire.

Décédé depuis quelques années, Lewis Baltz, premier des deux photographes présenté par Denis Gielen (l'un des commissaires des expositions), laisse derrière lui un héritage des plus critiques. Particulièrement intéressé par les pays industrialisés dans les années 60, le photographe saisit une mutation de la société au fil des reportages spécifiques. Il se trouve être la représentation de l'un des fondateurs de la photographie conceptuelle. L'exposition se compose d'une vingtaine de photographies en couleurs, de locaux, d'intérieurs de sites industriels appartenant à des compagnies comme Air France ou Toshiba et se consacre à leur aspect « technoscientifique ». Ces intérieurs apparaissent comme chirurgicaux, aseptisés à l'instar de l'ère robotique. La technologie disparaît derrière des aspects de plus en plus minimalistes et sombres d'où le « black mirror » : les innombrables fils et circuits imprimés dissimulés sous un écran noir que compose par exemple un téléphone portable. Un parcours qui interroge l'homme sur sa dépendance à la technologie et ses secrets de fabrication.

 

La seconde photographe critique la société industrielle sous différents angles, dont celui des méfaits sur la population vivant à proximité de ces industries. Changement d'approche avec La Toya, photographe américaine, issue de la classe ouvrière, naît à Braddock, dont elle deviendra une citoyenne des plus activistes. L'artiste a fait évoluer radicalement la pratique de la photographie, en dénonçant les grandes injustices sociales toujours avec beaucoup d'affect. Jean-Marc Prévost, second commissaire de l'exposition, explique : « La Toya produit un travail intéressant, car elle s'intéresse à la fois à l'intime, illustré par les photographies et filmographies de sa mère et grand-mère, mais aussi au collectif interprété par sa prise de conscience des problèmes de la société post-industrielle ».

Trois générations de femmes se croisent sous l'objectif de la photographe dans d'émouvants clichés de famille. La pauvreté ne s'y lit que sur les murs de la maison familiale, le spectateur ne retrouve qu'un haut port de tête, et des regards fiers dans chacun des portraits.

L'oeuvre de La Toya, exprime les conditions de vie misérable des populations migrantes, à la fermeture des usines ils s'appauvrissent et vivent dans ces paysages abandonnés américains. Pour agrémenter son travail, elle réalise une résidence créative en Belgique afin de créer un parallèle entre des individus vivant dans des conditions similaires avec toutefois une particularité, les belges avaient un passé commun avec les mines de charbon. Elle confie : « Il est intéressant pour moi en tant qu'artiste, femme mais aussi femme de couleur noire, de venir en Belgique découvrir ces populations avec leurs propres histoires au sein de leurs foyers, cette région ressemble à ma maison, je me sens chez moi ». Sa résidence s'illustre en série de portraits noirs et blancs également ornés de témoignages retranscrits à la main par l'artiste. Des récits bouleversants de ces mineurs, de leurs femmes ou enfants, se succèdent tout au long de l'exposition, décrivant une farouche dignité.

Par le choix d'un grain plutôt vieilli, l'artiste exprime la maladie et les conditions de vie difficile de la classe ouvrière sans tomber dans le misérabilisme. Au contraire, elle dresse des portraits d'hommes et femmes fiers d'avoir travaillé toute leurs vie pour subvenir aux besoins de leurs familles.

 

 

 

Publié le 31/03/2017 Auteur : Laure Maffeis

LaToya Ruby Frazier, Et des terrils un arbre s'élèvera

Lewis Baltz, Sites of Technology

MAC'S Site du Grand Hornu

Du 19/02 au 21/05/2017

Tarifs : 5/2/1,25€

info.macs@grand-hornu.be

Tél. +32(0)65 613 915

 


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